Métier : RÉALISATEUR & SCÉNARISTE

Sébastien Lifshitz a étudié l’Histoire de l’Art à l’École du Louvre, tout en travaillant au Centre Pompidou comme assistant du conservateur Bernard Blistène, puis de la photographe-plasticienne Suzanne Lafont. Il réalise en 1993 son premier court métrage, Il faut que je l’aime, et signe deux ans plus tard Claire Denis la vagabonde, un documentaire consacré à la réalisatrice, dont il devient l’assistant sur Nénette et Boni.

Le moyen métrage Les Corps ouverts révèle son style intimiste et sa manière singulière de filmer les corps. Ce portrait d’un jeune homme de seize ans à la recherche de son identité sexuelle, incarné par Yasmine Belmadi, lui vaut le Prix Jean Vigo 1996. Toujours ouvert aux genres et aux formats, il dirige à nouveau en 1999 Yasmine Belmadi dans Les Terres froides, téléfilm qui mêle lutte des classes et sexualité tourné pour la collection de la chaîne Arte Gauche-Droite. En 2000, Presque rien, 5 son premier long métrage de fiction interprété par Stéphane Rideau et Jérémie Elkaïm, explore à nouveau ses thèmes de prédilection : l’intimité, la quête intérieure et l’homosexualité. Dans le documentaire La Traversée, il parcourt les États-Unis en compagnie de son complice et scénariste attitré Stéphane Bouquet à la recherche du père de ce dernier. Entre Paris et le Nord de la France, Wild Side suit en 2004 une transsexuelle, un émigré russe et un prostitué maghrébin : un trio de solitudes réunies par le désir et l’amour cru campé par Stéphanie Michelini, Édouard Nikitine et Yasmine Belmadi. Dans Plein sud, un trentenaire traumatisé par son passé, prend en stop trois jeunes, direction le Sud, le soleil et les choix à faire. Nouvelle réflexion sur l’identité, ce road movie initiatique qui sort sur les écrans en 2009 réunit Yannnick Rénier, Léa Seydoux, Pierre Per- rier, Théo Frilet, Nicole Garcia et Micheline Presle. Trois ans plus tard, il revient au documentaire avec Les Invisibles, sélectionné hors compétition au 65ème Festival de Cannes. Il y recueille les témoignages d’hommes et de femmes nés dans l’entre-deux-guerres qui évoquent leur parcours de vie et assument leur homosexualité dans une France marquée par la morale, la religion catholique et les pressions diverses. Acclamé par la critique et le public, ce film poignant remporte le César du Meilleur Documentaire. Peu après, il filme Marie-Pierre Pruvot dans Bambi, portrait intimiste de l’une des premières transsexuelles françaises, qui marqua les planches du cabaret parisien, le Carrousel de Paris, avant d’enseigner le français pendant plus de trente ans dans un collège de banlieue dans le plus grand anonymat. Le visage, la silhouette, les images d’archives, les photos et la parole de cette femme touchent les spectateurs et Sébastien Lifshitz remporte à Berlin en 2013 le Teddy Award du Meilleur Docu- mentaire. Il sera fait l’année suivante Chevalier de l’Ordre des Arts et Lettres.